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GATABASE
Les gens sont bêtes, en général.
Ils ne réfléchissent pas.
Ils se disent que ce n'est pas la peine.

Ils ont raison. Il n'est la peine de rien.

Il n'est question que de rester intègre à soi.
D'aller dans le sens contraire des foules, d'abandonner son travail.
D'avoir l'intelligence de croire en ses rêves de crétin.

Tout ce qui compte est en fait la bêtise. Le seul animal à s'être mis debout après y avoir réfléchi est l'homme. Mais sa plus grande puissance, c'est d'avoir la liberté de se remettre à quatre pattes.

Elle vit à quatre pattes parce que c'est son choix. Elle vit proche de la crasse car c'est dans sa nature, Elle est répugnante par idiosyncrasie et sent mauvais parce que ça l'amuse. Elle attend de l'humanité des choses distrayantes, atroces, absurdes et ridicules.

Les freak shows et les drames passent dans son sang. Ils y répandent leur sucre en une traînée rapide, la même que son corps sécrète quand elle jouit en public.

Il ne faut pas croire qu'elle réfute le contrat social : si elle est sa plus grande saboteuse, elle est aussi son éternelle tributaire. Elle aime trop la hiérarchie, le code pénal, les lois martiales ; ces pressions qui compriment dans leurs costards la viande des présidents directeurs généraux.

Son violent appétit pour les mauvais tours, l'acharnement médiatique, l'opprobre public, l'exclusion de l'individu au sein du groupe ; sa main propre à cultiver l'ivraie, la zizanie, l'enfer, son goût vorace pour les expériences en milieu juvénile, ses dérives primaires ; tout en elle est objectivement pendable.

Elle est l'une des sauterelles sans nombre qui dévorèrent toute l'herbe et le bon grain, qui dévorèrent tous les fruits des champs, l'orge et le sarrasin. Elle voit les choses à travers l'œil de l'insecte charognard qui roule la merde en boule pour la charrier toute sa vie, dans l'allégresse suprême d'un infini festin.

Soleil funeste, soleil prédateur, elle luit mais ne brille pas, ne s'élève pas. Elle ressemble à l'un des idiots de Von Trier, à l'une des Vivian Girl que Darger décapite en peinture. Elle ne ressemble à rien.

Comment peux-tu te supporter, se demandent ceux qui ne sont pas elle ? Ce qui fait que ça marche est qu'elle ne craint pas le coup mais l'espère. Attendre la sanction est plus excitant que la recevoir, pense t-elle en bavant de la bile sur sa chemise immaculée, observant celle ou celui qu'elle a exhorté à sévir.

Elle n'est ici que pour voir la lente dégradation des peaux humaines en terrain acide. Elle n'entraîne pas les gens au bord du précipice pour qu'ils y tombent, mais pour qu'ils l'y poussent, encore plus fort qu'elle. Elle veut être témoin de la mort, et de toutes les formes que peuvent prendre la joie de vivre.

Qui aujourd'hui la hait le plus au monde ? C'est la question qu'elle se pose tous les soirs avant de s'endormir et tous les matins dans le noir du réveil. Car cette personne-là, cette unique personne, est la plus importante de sa vie.

La vie affamée, embarrassante, organique, la vie vile et grotesque dans son pur dévoilement, la vie humaine qui l'excite tant, son cœur boulimique, la vie des autres est la raison de la sienne. Elle la demande aux espaces qui l'entourent, demande à la poussière, observe avec passion les muscles qu'elle a écorchés à force de tirer dessus.

Elle veut toucher les choses, les sucer jusqu'à la lie. Elle veut en extraire le suc qui révulsera ses yeux parce qu'elle aura trop de plaisir. Que tout est vil, atroce et sublime quand elle s'en mêle ! La laideur a ceci de supérieur à la beauté qu'elle dure, c'est un fait certain.