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GATABASE
LA TEMPÉRANCE

la partie.

le tout.

la partie.

le tout.

la partie.

le tout.

tu me connais, sois-en certaine.

dans la lumière de tous les matins qui se sont levés sur ta peau, nous nous sommes reconnues, nous nous sommes devinées, et nous avons compris que nous étions destinées à passer notre vie sur la même tangente.

que je serai dans ton ventre comme le sang dans ta veine, celle que déjà très jeune tu as un jour contemplé, longtemps, en te demandant si elle était mieux ouverte ou fermée.

tu me connais, je suis ici pour ca. ne va pas te demander ce que je fais là.

là je le suis par nature, comme la voiture sur l'autoroute.

c'est ma fonction.

c'est mon état.

l'état de siège.

si tu me connais, me reconnais-tu ?

je suis plus proche de la persistance, de l'image rétinienne d'un rêve que tu as perdu dans une poursuite idiote.

à vrai dire, je te précède comme ta réputation.

mon cœur palpite toujours avant le tien et je suis plus proche de la partie que du tout.

la partie.

le tout.

la partie.

le tout.

la partie.

le tout.

la partie.

et le tout.

LE PENDU


je ne suis pas naïve. mais je sens parfois en moi comme une tranquillité, une acceptation des choses, toutes les choses, comme si je les comprenais et comme si elles me comprenaient.

plus envie de mourir, plus particulièrement envie de vivre. plus de petite douleur indiagnosticable au plexus qui m'empêche de dormir.

alors il m'importe peu d'être là ou non, de savoir pourquoi j'existe ou non. j'entends l'unité parfaite qui se trouve dans le tout me prendre, et m'ouvrir, et me révéler.

et donc, dans ce calme absolu, dans cette acceptation absolue, dans cette évidence éternelle, tout prend sa place, tout se reconnaît ; tout fait symbiose, et alors peut advenir le calme merveilleux du silence.

mais cet instant passe.

cet instant passe et j'oublie que j'ai fait la paix. j'oublie avec qui. cet instant passe et l'air change, le noir meurtrit le vide. je reviens à moi. je reviens en moi, et je me rend compte que sur la terre rien ne va, que dans la vie rien ne va, que tout ce qui s'élève retombe.

et puis je me souviens du grand principe alchimique de l'échange équivalent.

sans relâche la lumière agrandit les ombres. elles forment un ensemble juste et cohérent. elles ne peuvent exister qu'en se contenant l'une et l'autre, l'une dans l'autre, incessamment.

j'écarte les bras et serre contre moi cette chose qui n'est ni l'ombre, ni la lumière, mais plutôt leur incestueuse rencontre.

je me tiens droite et vous fait face comme si vous me deviez quelque chose.

isolé dans ma chair palpitante, l'arcane traverse mon corps putrescible, ici et aujourd'hui, pour demander son dû.

il pénètre l'espace avec la bonne humeur ténébreuse des enfants cruels, des enfants éternels qui jouent non pas avec mais contre la vie.

qu'a-t-il a réclamer au monde ?

je sens déjà s'appesantir sur moi cette lourdeur métallique que l'on charrie quand on est las de tout, quand le poids du monde compresse les rêves jusqu'à l'explosion.

LA LUNE


un jour une chose imperceptible s'est détachée du tout et s'est mise à bouger. elle a tourné lentement jusqu'à prendre substance, puis tourné à nouveau jusqu'à devenir invisible, puis tourné encore jusqu'à devenir une particule, puis un quark, puis un proton.

jusqu'au moment de la division de la toute dernière cellule, cette chose imperceptible et curieuse, cette chose mouvante et sombre dont nous sommes chacun les dépositaires, les gardes et la conséquence, cette chose qui a décidé de nous faire vivre nous fera mourir.

nous sommes tous sous-produits de la soupe primordiale. quand nous marchons et que nous rencontrons quelqu'un d'autre, et que nous reconnaissons cet autre comme notre semblable, nous nous approchons un peu plus près du sens de la vie.

malheureusement la vie n'a pas à répondre de ton existence. la tienne se déroule à l'extérieur de la trajectoire des planètes. il faut croire que tu es née en dehors de tous les champs gravitationnels, de toutes les espaces affines, de toutes les singularités. tu es ton propre trou noir. tu es ton propre fardeau. c'est dommage pour toi.