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GATABASE
mange-toi toi-même.
consomme-toi,
gratte tes parois.

attrape cette chair,
à l'intérieur, dévore-toi.
deviens rien.
casses tes vertèbres
et les rebords de ton crâne,
ceux
qui se sont soudés
quand t'étais gosse.

écrase-les contre les murs
ceux des apparts,
des temples,
des téléphones
creuses-y un trou
et bois le liquide
à l'intérieur de ton cerveau.

tu n'es rien, jamais,
tu te deviens.
tu te transformes
en ce toi qui ouvre,
brise le monde.

tu y feras toutes tes effractions
et tes vandalismes,
ils sont l'éternel sujet de ton existence.

toi l'animal politique,
qui a choisi de se mettre debout,
de regarder le monde de haut
et de le condamner à te décevoir,

tu descends de siècles,
et de siècles de siècles,
de races et de races
et de races
entremêlées de force
dans le tourbillon
des particules élémentaires
qui ont ouvert ton sexe.

comme cette lionne
en captivité
à qui il a poussé une crinière
et qu'ils ont endormie,
je me questionne.

l'euthanasie n'est pas
une réponse viable aux mutants
à celles et ceux qui essayent
de sortir d'eux-mêmes.

je ne veux pas me déconstruire.
je me mégenre toujours moi-même.

je regarde la monstration des mutants
en manque de sucres lents dans des hangars

je suis encore plus spécial que toi.
je suis encore plus spécial que toi.
je suis encore plus spécial que toi.
je suis encore plus spécial que toi.

je veux plus écouter paul, anne, virginie
je veux plus saluer mes amis
qui m'appellent par un prénom
qui ne veut rien dire.

ils n'ont pas vu
les ombres
à l'intérieur de ce prénom
il est vivant,
respire
peut se tuer
je prépare la mise à mort de mon prénom.

je me reconnais dans rien
ni dans les théories
ni dans les bouleversements
de l'espace économique
ni dans les catastrophes naturelles
ni dans les conciles où se rassembler
ni dans le balancier des forces
et des organes contraires
ni dans les déformations du langage
ni dans le mouvement des foules
non conformes
convaincues
que le monde se sauve.

la binarité suprême
au sein de ma non-binarité
s'annule

ce ne sont pas les castes ou les stratagèmes,
les groupements de gens seuls
qui se croient moins seuls ensemble
ce n'est rien

car je ne me reconnais plus
que dans les algorithmes
plus proches de moi que ma mère
dans un monde
qui ne veut pas de monstres
à moins qu'ils soient jolis,
riches, ou baisables
à en chier d'ennui

rien ne s'adresse à moi,
ni les procédures de métamorphose
ni les mues
ni le goût des sangs qui changent
quand on y injecte des flux
des agents violents.

je suis finie en soi,
comme ma peau vaste
une peau en lutte
une peau de lézard
qui s'agite et repousse
les limites de sa fin
invitant le début
poussant au sinistre,
à la catastrophe
au recommencement des sexes

je ne m'accouple pas
je ne suis pas singulier.
je porte
l'impossibilité d'être elle
la possibilité d'être violent
la forme du corps
que je veux pas être
mais devenir
pas consommer
mais manger

je me mange moi-même
je suis pas né pour rien.